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Osmose Inverse Basse Pression

jeudi 15 juin 2023

Aggl’eau CPS vous propose de débattre du projet porté par le SEDIF de filtrer l’eau destiné à la consommation avec un procédé nouveau l’Osmose Inverse Basse Pression (OIBP).
Nous partagerons avec vous les avantages et inconvénients de ce procédé et débattrons avec vous de vos priorités pour votre alimentation en eau potable.
Ce débat s’inscrit dans la procédure gérée par la commission nationale du débat public (CNDP)

Le Syndicat des Eaux d’Ile de France (SEDIF) a annoncé vouloir adopter un nouveau projet de traitement de l’eau, l’Osmose Inverse Basse Pression (OIBP). C’est environ 870 M€ d’investissement qui sont envisagés pour les 4 millions de Franciliens desservis par ce syndicat dont les villes de Palaiseau, Igny, Massy, Verrières le Buisson et Wissous sur le territoire de la CPS.

Ce nouveau procédé filtre l’eau avec des membranes ultra-fines pour réduire la présence de chlore, calcaire ou de micro-polluants. Après ce filtrage, l’eau manque de minéraux et doit être mélangée avec de l’eau traitée via les filières classiques. Pour proposer l’introduction de ce procédé, le SEDIF invoque le principe de précaution avec l’argument que si l’eau distribuée actuellement est conforme aux normes sanitaires, la présence de polluants résiduels, de métabolites serait un risque et que l’existence d’une technologie qui réduit ce risque impose sa mise en œuvre.

  • L’eau issue ce procédé d’OIBP est dépourvue de minéraux et ne peut donc pas être directement proposée à la consommation. Elle est donc remélangée avec l’eau traitée par la filière classique dans une proportion non confirmée de 75% eau OIBP/ 25% nanofiltrée. A les fins, les usagers seront donc exposés aux mêmes polluants juste en moindre proportion. Pour certains d’entre eux, il n’y a pas d’effet de seuil pour leur impact sur la santé humaine. Le bénéfice attendu sur la santé humaine n’est donc pas démontré a priori.
  • La consommation d’énergie additionnelle avec l’OIBP est une question soit +55% versus le procédé classique. Cela pose bien sur question alors que la sobriété énergétique est devenu un objectif en soi.
  • Un coût additionnel pour l’ensemble des usagers de ce traitement est déjà annoncé : soit 3 à 4 € par mois et par foyer. Ce coût additionnel est causé par le montant très élevé des investissements consentis et le coût de fonctionnement additionnel (énergie, renouvellement des membranes, etc)
  • La mise en œuvre du procédé n’est pas transparente vis à vis de la ressource. En effet 15% de l’eau prélevée doit être rejetée dans le milieu à l’issue du traitement. Ces 15% appelés concentrats contiennent l’ensemble des éléments retirés des 85% produits. Leur rejet pose une véritable question vis-à-vis en particulier des collectivités situées en aval de la rivière et dont l’équilibre de la ressource en eau est ainsi modifié. Par ailleurs, le bon fonctionnement des filtres impose l’ajout de principes actifs dans l’eau avant filtration. Le SEDIF a ainsi reconnu le besoin d’ajouter du phosphore et que celui-ci serait ensuite extrait de l’eau après filtration. Cela pose néanmoins question : récupération totale ou partielle. D’autres éléments non mentionnés sont-ils ajoutés et potentiellement impactant pour les villes qui prélèvent en aval.
  • Si les arguments du SEDIF sur une eau plus pure peuvent être entendus, il conviendrait alors de se demander pourquoi tous les français ne doivent pas en bénéficier et le montant des investissements correspondants est alors faramineux sachant qu’il est de 870M€ pour 4 Millions d’usagers. Cette problématique repose aussi la question de la responsabilité de la pollution et de l’application du principe pollueur payeur. Dans cette logique ce n’est pas au consommateur de payer pour dépolluer une eau polluée par d’autres. Une autre logique certainement préférable à bien des égards est de travailler pour réduire l’épandage de produits polluants. Cette approche est privilégiée par Eau de Paris, régie municipale en charge de la production et distribution de l’eau pour les habitants de la ville de Paris.

L’importance de ces questions et le montant financier des investissements ont déclenché la procédure d’organisation d’un débat par la commission nationale du débat public. Le site dédié mis en place par la commission nationale du débat : https://www.debatpublic.fr/ouverture-du-debat-public-leau-potable-en-ile-de-france-4142 apporte des éclairages sur ce projet dont l’intérêt est largement contesté. Rappelons-le la construction d’une usine pilote de ce procédé a Arigny (Seine et Marne) a été refusée par l’autorité préfectorale. Ce refus s’est bâti sur l’augmentation de la consommation des ressources (eau et énergie) sans démonstration convaincante de l’intérêt pour l’usager de produire une eau plus propre que ce qui est attendu dans les normes sanitaires actuelles.